...::: L'ESTHETIQUE DE GOA ou Un genre très divers
Goa Trance, Psychedelic Trance, Minimal, Techtrance,
Scando sound, Full-on : un liste bien longue (et
non exhaustive…) pour nommer un genre. Tous
ces termes reflètent en fait l’évolution
du son Psy à travers la décennie écoulée.
En fait, d’après la Wikipedia Encyclopaedia,
le style Trance est « le plus ambigu de toutes
les musiques de danse électroniques. [Il]
peut être décrit comme un style mélodique
de forme plus ou moins libre, dérivant de
la House ou de la Techno. » Ambigu, forme
libre : pas étonnant que les productions
Psy soient si différentes et difficile à
décrire. Mais tentons l’impossible…
1. Les sources d’inspiration musicale
Comme on l’a déjà
vu, les sources de la musique jouée à
Goa étaient constituées par tous
les morceaux les plus étranges et hypnotiques
disponibles sur la planète. En 1987, un
certain DJ Rey “brought the Hindu God Shiva
to the dance floor” en passant les premières
cassettes d’Acid House apportées
d’Angleterre. Ce fut un choc culturel, qui
sera reflété dans le style Goa Trance
: « le mouvement embrace les idéaux
quelque peu contradictoires de l’ascétisme
New Age et de l’hédonisme sous l’influence
de drogues» (New York Times). Les Hippies
et leur LSD rencontrent les Ravers et leur Ecstasy,
une association baptisée « Zippies
» par Fraser Clark.
Au même moment, ce mélange des genres
était également promu par Mark Harrison
et sa Spiral Tribe en Angleterre : « Comme
le dit une légende, dit Harrison, il existe
une note qui peut libérer les gens, il
y a des rythmes qui peuvent induire la transe
et vous rapprocher du monde spirituel. »
On jurerait un discours de Goa Gil… Il y
a peu de doutes que des habitués de la
Spiral Tribe ont fini par atterir sur les plages
de Goa, y promouvant encore un peu plus cette
philosophie[6].
Les premiers morceaux Goa Trance sont donc apparus
au carrefour de l’Acid House, des musiques
les plus tordues de la planète, en particulier
le son Industrial, et bien entendu de la musique
classique indienne, notamment au niveau des choix
mélodique et tonal. Au passage, on remarque
que la Goa Trance ne descend pas du genre Trance,
même si des influences réciproques
sont évidentes.
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Peut-être
une petite parenthèse sur
la Trance : certains pourraient
s’étonner de ne pas
la voir figurer en bonne place dans
la généalogie de la
Psy Trance.
La Trance, en tant que genre musical
spécifique et non catégorie
générique, est apparue
vers 1992 en Europe, avec des morceaux
comme Dance 2 Trance (le nom de
ce groupe étant, selon certains,
à l’origine du terme)
– We Came In Peace, The Age
of Love – The Age of Love,
ou Jam & Spoon – Stella
d’une part pour le côté
mélodique, Hardfloor –
Acperience et Future Sound of London
– Papua New Guinea pour le
côté plus hypnotique
et progressif du genre.
En fait, au début des années
90, les tubes House importés
d’Amérique se sont
transformés pour mieux coller
aux besoins des jeunes clubbers
européens sous ecstasy, avec
les influences disco, comme par
exemple les voix de diva à
la Gloria Gaynor, remplacées
par des effets futuristes, empruntés
à des artistes ambient comme
Aphex Twin et Autechre, à
la Techno de Detroit ou au nouveau
son germanique se développant
sous la conduite de Westbam. Le
résultat final de cette évolution,
après les étapes de
l’Acid House et de la Progressive
House, fut la Trance, qui connut
une brève heure de gloire
durant les raves de 1993, avant
d’être supplantée
par la Jungle (mais ceci est une
autre histoire). Ainsi donc, la
Trance est apparue en même
temps que la Goa Trance, toutes
deux formes musicales nées
de mutations distinctes de l’Acid
House. Si des influences ponctuelles
de l’une sur l’autre
existent, c’est certain, l’une
ne découle pas directement
de l’autre.
Fin d’une longue parenthèse… |
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2. Quelques grandes tendances dans les
compositions
On peut dégager un certain
nombre de points communs entre les morceaux estampillés
Goa Trance. Il va bien entendu de soi que ces
éléments ne sont ni nécessaires
ni suffisants pour qualifier une pièce
musicale de « Psy Trance ».
1. Structure d’un morceau
1.1 Une odyssée sonore
La structure d’un morceau
Goa Trance reflète généralement
l’idée d’un voyage.
Le morceau commence par des nappes de sons ondulants,
dont l’intensité va croissante, parallèlement
à des variations de timbre. Des coupures
périodiques se produisent, par exemple
par le biais de samples ou de citations mystérieuses
tirées de films (Matrix, Star Trek, Contact…)
ou d’interviews (Terence McKenna…).
Le morceau se dirige crescendo vers son point
d’orgue, aux deux tiers de la durée
totale, puis retourne doucement vers son point
de départ.
1.2 Un format influencé
par l’informatique
La forme d’un morceau
Goa Trance est assez rigide, composée de
blocs unitaires de 8 ou 16 mesures.
Les changements de texture coïncident souvent
à la fin de la 8° mesure. Cette construction
est influencée par le mode de fonctionnement
des séquenceurs employés.
2. Le rythme
Le rythme de base est une mesure
à quatre temps, de type 4/4 extrêmement
marqué. Ce rythme fixe et monotone n’est sans doute pas pour rien dans l’usage
du terme « trance », mais de fait
relègue ce genre musical de danse à
part des formes polyrythmiques plus sensuels comme
bon nombre de musiques noires ou latines.
La double croche est la note
de division rythmique de base. Le bpm (battements
par minutes) des morceaux Goa est assez modéré
par rapport à bon nombre d’autres
musiques de danse électronique, s’échelonnant
entre 135 et 155, avec une moyenne
autour de 145. Initialement, le rythme était
plutôt modéré, un peu au-dessus
de 130, puis a connu une croissance jusqu’en
1997, avant de redescendre, suite entre autres
à l’influence d’autres styles
musicaux.
De façon anecdotique,
on peut signaler que l’on a souvent fait
le rapprochement entre la fréquence des
ondes alpha du cerveau humain associées
à l’état de trance, allant
de 8 à 12 hertz, et la combinaison d’un
bpm de 145 avec un flot de doubles croches, très
présentes dans bon nombre de morceaux Goa,
qui donne une fréquence de 10Hz environ.
3. Les sons spécifiquement
Goa
3.1 La basse rythmique :
TR 909
Comme dans la plupart des formes
de musique danse électronique, l’ingrédient
dominant est la
basse rythmique.
Mais dans le cas de la Goa Trance, elle est
extrêmement
marquée et proéminente.
Les sons employés proviennent quasiment
exclusivement de la boîte à rythme
Roland TR 909.
Cette
machine, commercialisée aux environs
de 1984, fut le dernier modèle
à incorporer des sons analogiques,
dont les paramètres pouvaient être
ajustés à l’aide de
boutons en façade. Comme il est
devenu très difficile de se procurer
cette boîte à rythme, la
plupart des artistes Goa utilisent des
samples tirés de la TR 909. |
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3.2 Les sons aigus acide
: TB 303
Utilisé massivement
dans les morceaux House, la Roland TB 303, déjà
mentionnée, est responsable des sons acide
présents dans les morceaux Goa Trance traditionnels.
Aujourd’hui, ces sons sont obtenus
par manipulation de samples à l’aide
des filtres des échantillonneurs.
Néanmoins, l’influence de
la TB 303 est encore perceptible dans
de nombreux morceaux. |
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3.3 Le traitement des sons
Afin de fournir la fameuse
touche psychédélique, les sons sont
manipulés en tous sens, encore plus que
dans les autres genres électroniques :
distorsion, changement incessant des filtrages,
réverbération, délais, répétition
de notes… La gamme des possibles s’est
encore étendue avec la généralisation
des programmes informatiques dédiés.
4. Choix tonal et mélodique
4.1 La tonalité
La tonalité d’un
morceau Goa Trance est bien souvent centrée
sur un unique ton, peut-être
fortuitement à l’image de la musique
classique indienne. Mais il arrive par exemple
qu’un déplacement se produise vers
la sensible ou la médiante.
4.2 Les modes
Les modes les plus couramment
rencontrés sont le mode harmonique
mineur et le mode phrygien.
La présence de longs arpèges rapides
de simples et doubles croches est fréquente.
Au cours du morceau, le motif mélodique
est répété plusieurs fois,
mais en en altérant progressivement le
timbre à l’aide de filtrages.
L’esthétique Goa Trance brièvement
décrite ici était prédominante
jusqu’en 1997, a peu à peu délaissée
au profit d’une forme moins baroque de musique,
sans les couches multi-mélodiques, comme
on l’a mentionné précédemment.
3. Les instruments utilisés
.Les
outils utilisés pour réaliser
des compositions Psy Trance sont analogues
à ceux rencontrés dans les
autres styles d’EDM. Citons néanmoins
une ou deux préférences
des compositeurs Psy trance :Au niveau
des synthétiseurs réels,
la préférence va aux analogiques,
ou analogiques virtuels, qui permettent
l’insertion d’effets spéciaux
en temps réel. |
SH-101 |
Deux grands classiques du genre : la
Roland
TB 303, déjà mentionnée,
ou ses clones (Syntechno TB-303, TBS-303) aujourd’hui
en perte de vitesse du fait de la surexploitation
qui en a été faite, ou la
Roland
SH-101. Citons encore les synthétiseurs
Roland Juno 106 et Jupiter 6.
Des synthétiseurs
virtuels ont également fait leur
apparition avec l’explosion de
l’informatique. On peut citer
par exemple Reaktor chez Native Instruments.
En ce qui concerne
les séquenceurs utilisés,
il s’agit aujourd’hui la
plupart du temps de logiciels. La préférence
des compositeurs Psytrance va à Cubase de Steinberg
ou Logic de Emagic.
Il existe même
des logiciels qui sont de véritables
studios virtuels : Fruity Loops,
ou Reason de Propellerhead.
Ces logiciels sont cependant jugés
trop limités pour réaliser
des morceaux de qualité satisfaisante
aujourd’hui.
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Reaktor Interface
Cubase Interface
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