• Disco Valley - Goa - 1991


Histoire et Origines de la Transe



...::: L'ESTHETIQUE DE GOA ou Un genre très divers
Goa Trance, Psychedelic Trance, Minimal, Techtrance, Scando sound, Full-on : un liste bien longue (et non exhaustive…) pour nommer un genre. Tous ces termes reflètent en fait l’évolution du son Psy à travers la décennie écoulée. En fait, d’après la Wikipedia Encyclopaedia, le style Trance est « le plus ambigu de toutes les musiques de danse électroniques. [Il] peut être décrit comme un style mélodique de forme plus ou moins libre, dérivant de la House ou de la Techno. » Ambigu, forme libre : pas étonnant que les productions Psy soient si différentes et difficile à décrire. Mais tentons l’impossible…


1. Les sources d’inspiration musicale
Comme on l’a déjà vu, les sources de la musique jouée à Goa étaient constituées par tous les morceaux les plus étranges et hypnotiques disponibles sur la planète. En 1987, un certain DJ Rey “brought the Hindu God Shiva to the dance floor” en passant les premières cassettes d’Acid House apportées d’Angleterre. Ce fut un choc culturel, qui sera reflété dans le style Goa Trance : « le mouvement embrace les idéaux quelque peu contradictoires de l’ascétisme New Age et de l’hédonisme sous l’influence de drogues» (New York Times). Les Hippies et leur LSD rencontrent les Ravers et leur Ecstasy, une association baptisée « Zippies » par Fraser Clark.
Au même moment, ce mélange des genres était également promu par Mark Harrison et sa Spiral Tribe en Angleterre : « Comme le dit une légende, dit Harrison, il existe une note qui peut libérer les gens, il y a des rythmes qui peuvent induire la transe et vous rapprocher du monde spirituel. » On jurerait un discours de Goa Gil… Il y a peu de doutes que des habitués de la Spiral Tribe ont fini par atterir sur les plages de Goa, y promouvant encore un peu plus cette philosophie[6].
Les premiers morceaux Goa Trance sont donc apparus au carrefour de l’Acid House, des musiques les plus tordues de la planète, en particulier le son Industrial, et bien entendu de la musique classique indienne, notamment au niveau des choix mélodique et tonal. Au passage, on remarque que la Goa Trance ne descend pas du genre Trance, même si des influences réciproques sont évidentes.
 
Peut-être une petite parenthèse sur la Trance : certains pourraient s’étonner de ne pas la voir figurer en bonne place dans la généalogie de la Psy Trance.
La Trance, en tant que genre musical spécifique et non catégorie générique, est apparue vers 1992 en Europe, avec des morceaux comme Dance 2 Trance (le nom de ce groupe étant, selon certains, à l’origine du terme) – We Came In Peace, The Age of Love – The Age of Love, ou Jam & Spoon – Stella d’une part pour le côté mélodique, Hardfloor – Acperience et Future Sound of London – Papua New Guinea pour le côté plus hypnotique et progressif du genre.
En fait, au début des années 90, les tubes House importés d’Amérique se sont transformés pour mieux coller aux besoins des jeunes clubbers européens sous ecstasy, avec les influences disco, comme par exemple les voix de diva à la Gloria Gaynor, remplacées par des effets futuristes, empruntés à des artistes ambient comme Aphex Twin et Autechre, à la Techno de Detroit ou au nouveau son germanique se développant sous la conduite de Westbam. Le résultat final de cette évolution, après les étapes de l’Acid House et de la Progressive House, fut la Trance, qui connut une brève heure de gloire durant les raves de 1993, avant d’être supplantée par la Jungle (mais ceci est une autre histoire). Ainsi donc, la Trance est apparue en même temps que la Goa Trance, toutes deux formes musicales nées de mutations distinctes de l’Acid House. Si des influences ponctuelles de l’une sur l’autre existent, c’est certain, l’une ne découle pas directement de l’autre.
Fin d’une longue parenthèse…


2. Quelques grandes tendances dans les compositions
On peut dégager un certain nombre de points communs entre les morceaux estampillés Goa Trance. Il va bien entendu de soi que ces éléments ne sont ni nécessaires ni suffisants pour qualifier une pièce musicale de « Psy Trance ».

1. Structure d’un morceau
1.1 Une odyssée sonore
La structure d’un morceau Goa Trance reflète généralement l’idée d’un voyage. Le morceau commence par des nappes de sons ondulants, dont l’intensité va croissante, parallèlement à des variations de timbre. Des coupures périodiques se produisent, par exemple par le biais de samples ou de citations mystérieuses tirées de films (Matrix, Star Trek, Contact…) ou d’interviews (Terence McKenna…). Le morceau se dirige crescendo vers son point d’orgue, aux deux tiers de la durée totale, puis retourne doucement vers son point de départ.
1.2 Un format influencé par l’informatique
La forme d’un morceau Goa Trance est assez rigide, composée de blocs unitaires de 8 ou 16 mesures. Les changements de texture coïncident souvent à la fin de la 8° mesure. Cette construction est influencée par le mode de fonctionnement des séquenceurs employés.

2. Le rythme
Le rythme de base est une mesure à quatre temps, de type 4/4 extrêmement marqué. Ce rythme fixe et monotone n’est sans doute pas pour rien dans l’usage du terme « trance », mais de fait relègue ce genre musical de danse à part des formes polyrythmiques plus sensuels comme bon nombre de musiques noires ou latines.
La double croche est la note de division rythmique de base. Le bpm (battements par minutes) des morceaux Goa est assez modéré par rapport à bon nombre d’autres musiques de danse électronique, s’échelonnant entre 135 et 155, avec une moyenne autour de 145. Initialement, le rythme était plutôt modéré, un peu au-dessus de 130, puis a connu une croissance jusqu’en 1997, avant de redescendre, suite entre autres à l’influence d’autres styles musicaux.
De façon anecdotique, on peut signaler que l’on a souvent fait le rapprochement entre la fréquence des ondes alpha du cerveau humain associées à l’état de trance, allant de 8 à 12 hertz, et la combinaison d’un bpm de 145 avec un flot de doubles croches, très présentes dans bon nombre de morceaux Goa, qui donne une fréquence de 10Hz environ.
3. Les sons spécifiquement Goa
3.1 La basse rythmique : TR 909
Comme dans la plupart des formes de musique danse électronique, l’ingrédient dominant est la basse rythmique. Mais dans le cas de la Goa Trance, elle est extrêmement marquée et proéminente. Les sons employés proviennent quasiment exclusivement de la boîte à rythme Roland TR 909.
Cette machine, commercialisée aux environs de 1984, fut le dernier modèle à incorporer des sons analogiques, dont les paramètres pouvaient être ajustés à l’aide de boutons en façade. Comme il est devenu très difficile de se procurer cette boîte à rythme, la plupart des artistes Goa utilisent des samples tirés de la TR 909.

3.2 Les sons aigus acide : TB 303
Utilisé massivement dans les morceaux House, la Roland TB 303, déjà mentionnée, est responsable des sons acide présents dans les morceaux Goa Trance traditionnels.
Aujourd’hui, ces sons sont obtenus par manipulation de samples à l’aide des filtres des échantillonneurs. Néanmoins, l’influence de la TB 303 est encore perceptible dans de nombreux morceaux.

3.3 Le traitement des sons
Afin de fournir la fameuse touche psychédélique, les sons sont manipulés en tous sens, encore plus que dans les autres genres électroniques : distorsion, changement incessant des filtrages, réverbération, délais, répétition de notes… La gamme des possibles s’est encore étendue avec la généralisation des programmes informatiques dédiés.
4. Choix tonal et mélodique
4.1 La tonalité
La tonalité d’un morceau Goa Trance est bien souvent centrée sur un unique ton, peut-être fortuitement à l’image de la musique classique indienne. Mais il arrive par exemple qu’un déplacement se produise vers la sensible ou la médiante.
4.2 Les modes
Les modes les plus couramment rencontrés sont le mode harmonique mineur et le mode phrygien. La présence de longs arpèges rapides de simples et doubles croches est fréquente. Au cours du morceau, le motif mélodique est répété plusieurs fois, mais en en altérant progressivement le timbre à l’aide de filtrages.

L’esthétique Goa Trance brièvement décrite ici était prédominante jusqu’en 1997, a peu à peu délaissée au profit d’une forme moins baroque de musique, sans les couches multi-mélodiques, comme on l’a mentionné précédemment.

3. Les instruments utilisés

.Les outils utilisés pour réaliser des compositions Psy Trance sont analogues à ceux rencontrés dans les autres styles d’EDM. Citons néanmoins une ou deux préférences des compositeurs Psy trance :Au niveau des synthétiseurs réels, la préférence va aux analogiques, ou analogiques virtuels, qui permettent l’insertion d’effets spéciaux en temps réel.

SH-101

Deux grands classiques du genre : la Roland TB 303, déjà mentionnée, ou ses clones (Syntechno TB-303, TBS-303) aujourd’hui en perte de vitesse du fait de la surexploitation qui en a été faite, ou la Roland SH-101. Citons encore les synthétiseurs Roland Juno 106 et Jupiter 6.

Des synthétiseurs virtuels ont également fait leur apparition avec l’explosion de l’informatique. On peut citer par exemple Reaktor chez Native Instruments.
En ce qui concerne les séquenceurs utilisés, il s’agit aujourd’hui la plupart du temps de logiciels. La préférence des compositeurs Psytrance va à Cubase de Steinberg ou Logic de Emagic.
Il existe même des logiciels qui sont de véritables studios virtuels : Fruity Loops, ou Reason de Propellerhead. Ces logiciels sont cependant jugés trop limités pour réaliser des morceaux de qualité satisfaisante aujourd’hui.

Reaktor Interface


Cubase Interface
>>> 2003 : Etat des lieux