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Introduction
La scène originelle : Goa
Naissance d'un genre musical
L’esthétique Goa Trance
2003 : Etat des lieux
Note & Reférences
Autres sources



UNE DECENNIE DE TRANSE PSYCHEDELIQUE (par Jeff)

Merci à Jeff pour ce long article retrançant l'histoire de notre mouvement depuis son origine sur les lointaines plages de Goa.
Comme il le dit lui-même, le but premier est de présenter une vue d'ensemble de son histoire en ce concentrant son l'aspect musical.
Nul doute que nombre d'entre nous y trouverons une mine d'information !


« Nous sommes réunis autour d’un feu sur la plage d’Anjuna, à Goa. Ce qui était bien quand nous sommes arrivés ici et que les lieux étaient encore préservés, c’est que nous avons créé un style de vie combinant les meilleurs aspects de l’Orient et de l’Occident. Nous avons redéfini les rituels tribaux ancestraux pour le XXI° siècle, et avons essayé d’utiliser les parties comme biais pour faire accéder les gens à la transe par la danse. Rien de nouveau ici, cela a été pratiqué par tous les groupes tribaux depuis la nuit des temps. Vous savez, utiliser la musique et la danse pour évoquer les esprits célestes, chacun se régénérant ainsi, de même que la Terre. Nous avons développé une idée similaire qui pourrait être adoptée par le jeunesse d’aujourd’hui. »
Goa Gil
...::: PREAMBULE
La publication d’articles, de livres accessibles à un large public et concernant les musiques électroniques modernes est très récente. Il a fallu attendre environ une décennie avant de voir des sociologues se pencher sérieusement sur le mouvement Techno au sens large[1]. Jusqu’au milieu des années 90, l’image d’Epinal de « musique de drogués » prédominait dans tous les esprits, et personne n’allait voir plus loin. Encore aujourd’hui, une bonne part de la production écrite sur le sujet traite principalement des ravages de la drogue dans la communauté des ravers. Heureusement, quelques esprits curieux se sont intéressés de plus près aux origines, fort complexes, de cette musique, qui ne sert pas uniquement de toile de fond sonore à des expériences hallucinogènes comme certains voudraient le faire croire.

Un genre particulier de musique de danse électronique peine, peut-être encore plus que les autres, à sortir de ces clichés : la Trance Psychédélique. Style de musique encore confidentiel - sauf en Israël - où les ventes d’albums dépassent très exceptionnellement le millier d’unités, la Psytrance porte un nom qui renvoie immanquablement aux années hippie et à leur drogue fétiche, le LSD. Double malchance sémantique… Cependant, comme pour les autre formes de « Techno music », la Trance Goa possède une histoire singulière, tant au niveau de son apparition que de son développement, ainsi qu’une signature musicale particulièrement marquée.

Avec 3.800 artistes, 3.600 disques référencés et 360 labels[2], une rétrospective s’impose, dix ans après la sortie de la première compilation du genre. D’où vient ce courant musical ? Qui en sont les figures historiques ? Quelles sont ses spécificités par rapport aux autres genres électroniques ? Quel est son avenir ?

...::: INTRODUCTION
Bien évidemment, le terme « Trance Psychédélique » n’a pas été choisi au hasard. Même si certains considèrent qu’il ne s’agit que d’une appellation commode inventée pour des raisons commerciales, on peut apprendre pas mal de choses sur ce que l’on peut attendre de cette musique à travers ces deux mots mystérieux, psychédélique et transe.

Que signifie « psychédélique » ? (source : Encyclopaedia Britannica)

Le terme « psychédélique » est apparu dans la correspondance entretenue durant les années 50 entre deux pionniers de l’étude des drogues psychoactives : Humphrey Osmond, un psychiatre britannique qui a étudié l’effet de la mescaline et du LSD sur des alcooliques au Canada, et Aldous Huxley, l’auteur anglais du « Meilleur des Mondes » (1932) et de « The Doors of Perception » (1954). Tous deux recherchaient un mot pour décrire les effets des drogues qu’eux-mêmes prenaient, et Osmond suggéra en 1957 « psychédélique », à partir de deux mots grecs, « psyche » (âme ou esprit) et « delein » (rendre visible) ou « deloun » (montrer ou révéler). Il illustra son utilisation dans un vers : « To fathom hell or soar angelic, just take a pinch of psychedelic. »
Ce terme met l’accent sur la conscience accrue de son environnement et de son propre corps qui résulte de la prise de drogue – en bref, une expansion de la conscience.
Dès le départ, les scientifiques qui ont étudié les effets des drogues psychédéliques ont remarqué la façon dont elle modifiait la perception de la musique, causant parfois une forme de synesthésie, en l’occurrence l’illusion de percevoir les sons sous forme de couleurs. Albert Hoffmann, le chimiste suisse qui synthétisa pour la première fois le LSD, avait remarqué que sous son influence, « chaque son générait une image vive et mouvante avec sa propre forme et sa propre couleur. »
La musique psychédélique, apparue avec des groupes comme les Pink Floyd dans les années 60, s’inspirait largement des hallucinogènes et tentait de recréer les états induits par la drogue à travers l’utilisation de guitares vrombissantes, de feedbacks amplifiés et de motifs mélodiques inspirés par la musique orientale. En remplaçant la guitare par une TB303, on retrouve à peu de choses près la définition de la Goa Trance…
Il serait donc très naïf de nier le lien fort unissant la Psy Trance et la drogue, en particulier le LSD. Mais ceci étant dit, trois attitudes sont possibles. La première consiste à dire que cette musique ne peut être comprise que si l’on est défoncé. La seconde prétend au contraire que « la drogue, c’est la musique », entraînant les expériences psychédéliques. Enfin la troisième se situe entre les deux précédentes. Quelle que soit la réponse correcte, pour autant qu’il en existe une, le problème de la drogue dans la scène Psy dépasse de toute façon le cadre de cet essai.

Que signifie « transe » ? (source : The Trance Institute)

Une transe est un type particulier d’état dissocié. C’est la façon habituelle dont l’esprit sépare les événements se déroulant en même temps, comme conduire tout en écoutant la radio. Avec une transe profonde, il y a davantage de concentration, d’intensité. Une transe est toujours créée par une attention limitée portée sur un unique élément. Normalement lorsque l’on fait ça, les pensées se répètent et on finit par s’ennuyer ou par planer. La transe est donc toujours produite par une répétition cyclique de pensées.
Les transes sont en fait très répandues, avec une grande variété d’intensité, depuis lire un livre, rêvasser, regarder la télévision jusqu’au transes intenses des yogis ou des mystiques. Il y a des transes plus ou moins complexes, mais une boucle initiale se retrouve toujours à la source de l’état de transe.
Un des effets de la transe est que l’attention limitée qui lui est associée cause une inhibition de certaines fonctions mentales comme le jugement critique, la volonté, la mémoire… Dans le même temps, la créativité ou les facultés de visualisation peuvent être accrues.
Une transe hypnotique est une forme spécifique de transe dans laquelle une partie de la boucle est reliée à un stimulus extérieur à l’esprit, comme par exemple lorsqu’on se retrouve sous l’emprise d’un hypnotiseur. Ce dernier tire profit de l’inhibition de certaines facultés mentales pour transformer ses suggestions en stimulus qui seront acceptées sans votre consentement habituel.

Il est assez simple de produire une musique induisant une transe. Il suffit de combiner trois ou quatre rythmes engageants.
Néanmoins, la plupart des musiques dites transe n’en contiennent que deux, rarement trois. Des rythmes répétitifs peuvent paraître ennuyeux, mais c’est précisément cet ennui qui conduit à la transe. Pour optimiser l’effet, la boucle initiale doit légèrement évoluer au cours du temps. Dans certaine forme de musiques transe, il existe plusieurs boucles plus ou moins subtiles. Cela peut permettre d’atteindre une attention encore plus intense.

La scène originelle : Goa


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